Chapitre 25 : Le mot
Introduction :
On peut considérer que le mot est l'unité de base d'un texte. Son choix n'est jamais anodin. Qu'il s'agisse d'un emploi correct, correspondant à un usage habituel du mot, qu'il s'agisse d'une impropriété volontaire, qu'il s'agisse d'un jeu sur ses différents sens ou encore sur ses signifiants, l'auteur veut produire un effet qu'il convient de mettre en évidence.
L'étude des mots d'un texte nécessite la connaissance précise de quelques outils d'analyse :
Signifiant : éléments graphiques ou sonores constituant le mot dans sa matérialité. Les calembours sont des jeux sur les signifiants. Citons ici Michel Leiris qui, dans Langage Tangage, propose de nouvelles définitions des mots : « naissance : n'est sens ».
Signifié : ensemble des sens d'un mot. On peut jouer sur les signifiés, par ex au théâtre, dans le quiproquos, lorsque 2 perso emploient un même mot avec un sens différent.
Polysémie : caractère de ce qui présente plusieurs sens. Par ex, le mot « fuite » est polysémique, car il peut désigner soit l'action d'une pers qui s'échappe (on parle de la « fuite de Louis XVI à Varennes »), soit l'écoulement d'un liquide par une issue étroite.
Champ sémantique : ensemble des sens d'un mot.
Champ lexical : ensemble des mots d'un texte se rattachant à un même domaine de pensée ou à une même réalité. Attention : il est totalement inutile de relever le champ lexical de la mort dans un texte sur la mort ! En revanche, si un texte sur la mort comporte un champ lexical du voyage, par ex, cela mérite d'être noté, car cela correspond à une manière de se représenter la mort.
Dénotation : signification 1ère et stable d'un mot, qui s'oppose à connotation. Ex : « pur » dénote ce qui est sans mélange, sans défaut, sans corruption.
Connotation : sens particulier d'un mot qui s'ajoute au sens ordinaire et doit être déterminé par le contexte, le statut de l'énonciateur ... Ex : le blanc connote la pureté dans les civilisations occidentales, la mort dans certaines civilisations orientales.
Homonyme : se dit d'un mot ou d'une expression qui se prononce de la même façon qu'un autre, mais dont le sens (et souvent l'orthographe) est différent. Ex : « ceint », « saint », « sain » et « sein » sont homonymes.
Synonyme : se dit d'un mot ou d'une expression qui a le même sens (ou presque) qu'un(e) autre. L'emploi d'un synonyme ne peut jamais se faire par pure substitution ; il faut d'abord vérifier (dans les ex proposés par le dico) s'il est d'usage d'employer le mot choisi dans un tel contexte.
Étymologie : science de la filiation des mots, reconstitution de l'origine d'un mot (souvent latine ou grecque) qui permet de mieux cerner son sens. Par ex, dans « ce lion superbe et généreux », « superbe » peut se comprendre comme « splendide », mais surtout comme superbus, qui, en latin, signifie « fier, orgueilleux ». On veillera à bien orthographier le mot « étymologie », qui ne comporte pas de h.
Par ailleurs, la connaissance des classes des mots et de leur « nature » est très souvent utile :
Par ex, la présence d'un verbe d'état là où l'on attendrait un verbe de mouvement est à interpréter. Ansin dans Le Cid, de Corneille, le père du héros, Don diègue, exhorte son fils à le venger et lui donne l'ordre suivant : « Va, cours, vole et nous venge ». Ces 4 verbes de mouvement, monosyllabiques (puisqu'on ne prononce pas le e muet) et employés à l'impératif, suggèrent une action rapide et immédiate de la part de Rodrigue. Pourtant, et c'est le signe du conflit intérieur du héros, qui l'empêche d'agir, les « stances » qu'il prononce alors débutent par une phrase comportant un verbe d'état : « Je demeure immobile ». On notera aussi l'étymologie du mat « stance », qui vient du latin stare, « rester debout, en station, à l'arrêt » (cf to stand en anglais).