Séquence 2 : L'histoire littéraire et culturelle
Chapitre 23 : Le surréalisme
Introduction :
Le mot « surréaliste » est employé pour la 1ère fois par le poète Apollinaire pour qualifier son drame loufoque : Les Mamelles de Tirésias (1917). Il va être annexé par un groupe d'artistes réunis autour d'André Breton : peintres et écrivains (puis cinéastes) en quête de « sur-réalité », qui forment une véritable école entre les 2 guerres et produisent plusieurs manifestes.
I – Hors du contrôle de la raisonnement
Les surréalistes donnent la part belle à l'inconscient : ils sont lecteurs de Freud et considèrent que le rêve est une forme d'expression digne d'attention et qui mérite publication. Le film d'Alfred Hitchcock La Maison du docteur Edwardes (Spellbound), dont les décors ont été dessinés par Savador Dali (1945), rend bien compte de ce goût pour l'onirisme des surréalistes. Ainsi inventent-ils l'écriture automatique, qui s'exerce hors du contrôle de la raison.
Les surréalistes donnent ses lettres de noblesse au hasard, qui produit des beauttés insolites, des coïncidences remarquables. Ils inventent à cet effet le jeu littéraire du « cadavre exquis », qui juxtapose des phrases ou des éléments de phrase conçus par des énonciateurs différents et qui ne se sont pas concertés ; ce jeu tient son nom d'une des 1ère réalisations surréalistes ainsi composées : « Le cadavre exquis boira le vin nouveau ».
En peinture, les surréalistes se plaisent à l'art du collage, qui rapproche des réalités provenant de mondes distincts et souvent distants. Au cinéma, ils inventent le « faux record », qui produit au montage des effets insolites. De façon générale, les surréalistes mêlent les différents modes d'expression, les peintures comportent des mots, les livres intègrent des images ...
II – Cultiver l'étrange
Le goût du paradoxe, de l'inhabituel les amène à opter (en dehors de la poésie » pour des genres littéraires désuets, hors normes, considérés comme populaires : le feuilleton, la chanson ... André Breton publie ainsi une Anthologie de l'humour noir.
Les surréalistes se choisissent aussi des ancêtres parmi les écrivains les + sulfureux, qui vont de Sade à Lautréamont, et parmi les « illuminés », dont bien sûr Arthur Rimbaud.
III – Faire la révolution
À l'origine, le mouvement est lié à celui des « dadas » de Tristan Tzara, mouvement nihiliste et antibourgeois. Tous veulent « changer la vie » et faire leur révolution : en témoigne le titre de la revue qu'ils publient à partir de 1924: La Révolution surréaliste.
Révolution esthétique, mais aussi pour certains révolution politique qui les amène à se rapprocher du parti communiste (Louis Aragon, par ex). André Breton prend alors des positions sévères : dans le Second Manifeste du surréalisme (1930), il réaffirme l'autonomie de la littérature et de la possibilité pour les écrivains de contribuer à la révolution sans pour autant s'inféoder à un parti politique. Le groupe pâtira de l'attitude souvent autoritaire d'André Breton, et plusieurs membres prendront leurs distances avec une conception du mouvement qui devient dogmatique.
Quelques dates à retenir :
1919 : Breton et Soupault, Les Champs magnétiques.
1924 : Breton, Premier Manifeste du surréalisme.
1926 : Louis Aragon, Le Paysan de Paris.
Paul Éluard, Capitale de la douleur.
1927 : Breton, Nadja.
1929 : Bunuel, Un chien andalou (cinéma).